Dr Jean-Pierre ALIBEU, Maud GUERIAUX
Le concept de l’hypnose est encore une fois entaché par une actualité récente et sordide : les plaintes de plusieurs dizaines de femmes pour agression sexuelle et viol au cours ou après une séance d’hypnose par un psychanalyste bien connu des médias.
Dans une interview en 2001, il présente l’hypnose comme un phénomène d’emprise qui s’adresse à la suggestibilité des sujets pour leur faire accomplir ou subir des actions qu’ils n’auraient jamais accompli volontairement. Il affirme que l’hypnose n’a pas de valeur thérapeutique, et il la déconseille à tous les psychanalystes.
Ce psychanalyste a écrit en 2006 un livre sur l’hypnose intitulé « Hypnose mode d’emploi ».
Il évoque le fait que tout le monde a entendu parler de l’hypnose et des effets spectaculaires qu’elle est supposée produire, mais qu’il est bien difficile d’y croire quand on n’a pas soi-même vérifié la réalité des manifestations décrites. Il y évoque le magnétisme, la méthode Coué, la possibilité de réaliser un crime sous hypnose.
En parcourant son livre on découvre surtout les questions surprenantes que se pose l’auteur, notamment sur les similitudes entre l’hypnose et le sentiment amoureux. Selon lui l’hypnotiseur s’emparerait de l’idéal du moi du sujet pour le rendre aveugle et façonner son rapport au réel : « ce n’est peut-être pas l’hypnose qui ressemble à l’amour, mais l’amour qui ressemble à l’hypnose » dit-il.
Ce psychanalyste semble aborder l’hypnose par le seul biais de la suggestibilité. Il compare la séance d’hypnose à une relation maître-esclave.
Comme le dit Léon Chertok (L’hypnose, entre la psychanalyse et la biologique, 1979 ; réédité en 2006 chez Odile Jacob), il scotomise la dimension psycho-physiologique de l’hypnose.
On est bien loin des neurosciences, de la clinique et de l’éthique.
Après tout cela il nous semble utile de rappeler que :
Du point de vue scientifique, l’hypnose n’est pas un état mais un mode de fonctionnement cérébral bien documenté, dans lequel les fonctions cognitives ne sont pas abolies.
D’un point de vue éthique, l’hypnose thérapeutique, lorsqu’elle répond à une pathologie chronique, ne doit pas avoir pour objectif d’effacer le symptôme mais de traiter la cause.
C’est pourquoi une séance d’hypnose thérapeutique ne doit pas être pratiquée en dehors des champs de compétence de l’opérateur.
Pour conclure, et contrairement à ce que dit ce psychanalyste, en dehors du champ thérapeutique, l’hypnose n’a pas sa place.